"Film-carnet" de recherche, "54 Cité Saint-Gobain" est une évocation, celle de la mémoire d'une cité ouvrière associée à une usine d'engrais et de produits chimiques. Récit personnel ou d'anciens de la Cité, il subsiste un écho de cette communauté dont on pouvait penser qu'elle avait disparue.
"54 Cité-Saint Gobain" a été accompagné et soutenu par le Master 2 "Images et Société" Evry/Paris-Saclay, le Centre National des Archives de Saint-Gobain (Blois) et la ville de Grand-Quevilly (Seine-Maritime). Travail de recherche toujours en cours en 2022.
"54, CITE SAINT-GOBAIN"
“Je vous dis que je suis Quevillais. Je suis Quevillais, je peux le dire à fond et je suis écœuré de voir les choses qui sont détruites à Grand-Quevilly que l’on aurait pu garder. Là, on a tout détruit. C’est notre société qui ne veut rien garder du passé, alors que le passé a fait le présent.”
Les hommes meurent, et où vont-ils?
Cachés à notre vue
Enterrés dans ce cimetière qui fait face à l’usine
Ils sont déposés là.
Cachés à notre vue
Enterrés dans ce cimetière qui fait face à l’usine
Ils sont déposés là.
Fini le travail, fini la vie
Fini la peine et les soucis
Fini le sang, la boisson et les copains
Fini le jardin, fini la maison
Fini le couteau, la branche et les fumées
Fini la voiture et le cendrier
Fini la musique et le clôcher.
Fini la peine et les soucis
Fini le sang, la boisson et les copains
Fini le jardin, fini la maison
Fini le couteau, la branche et les fumées
Fini la voiture et le cendrier
Fini la musique et le clôcher.
Rangeons les habits,
Rangeons les grands outils.
Rangeons les grands outils.
A moi les yeux, les yeux fermés.
Je dors, j’étais perdu, j’étais affamé.
Je dors, j’étais perdu, j’étais affamé.
A moi, les gens des baraques
A moi, le cheval aimé des enfants
Et la main de ma mère, la main de ma maman.
A moi, le cheval aimé des enfants
Et la main de ma mère, la main de ma maman.
Certains me dessinent des plans, tracent sur le papier le nom des rues et des maisons. La nuit dans ma chambre au pied de l’usine, je laisse la fenêtre ouverte. J’entends l’usine respirer, au loin la cloche de l’église ou le bruit des tombereaux.
Je réécoute les bandes audios et je vois bien qu’inconnus ou familiers, chacun livre la mémoire de sa condition, de son enfance, de son passé. Les histoires se confient à vous. Et je ne saurais comment décrire tout cela relève d’une seule et même histoire. D’une forme de destin commun. Tous rattachés sur un terrain, une bande de terre et d’herbes brulées de quelques centaines de mètres et de quelques maisons couleur de soufre.
“Je ne sais pas si je veux parler de Maman. Cela aurait été mieux qu’elle soit toujours là, qu’elle parle de la Cité avec ses mots à elle. Je ne me sens pas d’en parler. C’est tellement loin que j’aurais peur de trahir. “
REVUE DE PRESSE ET PORTRAITS DE TEMOINS